Elle fit un pas de côté pour éviter la gerbe d'étincelles. Celle-ci s'élevait haut au milieu des arbres gris. Si le marais n'avait pas été à ce point humide, elle aurait eu peur qu'il prenne feu. Mais ce n'était pas du feu qui jaillissait sous ses yeux, pas tout à fait. Si c'était du feu, ce n'était pas de ce feu qui brûlait, mais plutôt de celui-là, un peu fou, qui s'éclate à la nuit tombée. De celui qui charme et attire les naïfs au milieu des marais.
La gerbe avait surgi du trou d'un arbre creux, d'un arbre mort, tout en torsions et tendant ses ramilles comme autant de doigts trop longs et crochus. Trou lumineux. Laura n'avait pu s'empêcher d'approcher, ravie par la lumière, cette lumière vibrante qui jetait au voyageur ses nuances rosées, violines, blafardes et ses bleus d'encre pâle. Ce n'était pas de ces étincelles qui brûlent les yeux. Elle les voyait voleter au dessus d'elle, maintenant, dans ses cheveux, curieuses, autour de ses doigts qui ne lui avaient jamais paru si fins, si blancs qu'à ce moment. Des doigts de morte, pensa-t-elle, sans s'émouvoir, toute à l'émerveillement de ces folles lueurs valsant tout autour d'elle.
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